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voye ce secours. Le comte de Brissac et Layne v ille, capitaines normands, se sauvèrent des premiers, in­continent qu'ils virent la flotte d'Espagne au combat avec la françoise, et arrivèrent à la cour le ai d'août La Reine mere ne scut prendre leurs excuses, sur tout de Layneville, à qui elle auroit joué mauvais tour s'il ne se fût sauvé de vitesse. Strozzi ayant bravement attaqué l'escarmouche avec trois ou quatre vaisseaux seulement, fut investi par un grand nombre de vais­seaux espagnols, et tout son vaisseau coulé à fond;et lui, mis et tombé entre les mains du marquis de Sainte Croix, fut tué de sang froid de deux coups de dague, et son corps jetté à la mer. Si le reste de l'armée, qui se retira sans combattre, l'avoit suivi, l'Espagnol sans doute étoit déconfit.
Le mardy 16 d'août, Jean de Nully, premier prési­dent des generaux, fut fait prevôt des marchands de Paris par ordre du Roy, croyant qu'il étoit homme dc service.
En ce mois d'août, vint de Boulogne à Paris un Ita­lien qui se disoit avoir été esclave des Turcs par l'es­pace de huit ans, et avoit appris plusieurs gentillesses et dexterilez rares et remarquables. Il se fit voir pre­mierement au Roy, et après à la cour, étant à Fon­tainebleau; puis vint à Paris, s'étant fait voir en quelques endroits particuliers, et sentant qu'on pre­noit goût à son batelage, il ouvrit boutique en une carriere au long des murs de la ville, tirant de la porte de Bussy à la porte de Nesle; et y ayant fait dresser une forme de lice avec des paulx et des cordes, y reçut tous venans à cinq sols par tête. Ce qu'il sçavoit faire étoit que sur son cheval, courant a toute carriere, il
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